Wednesday, December 10, 2014

Panne de motivation ?

Rien pour décembre hélas...

J'avais beaucoup trop de choses à faire, et pas assez de cerveau pour écrire.

Friday, November 21, 2014

Des profondeurs de la nuit, surgit un slammeur qui s'ignorait

Et donc, j'ai ouvert ce blog en 2002, pour ne très exactement rien en faire, et je n'ai même pas non plus tenté de le clore parce que bah, ça ne mange pas de pain.

Ce temps là est plus ou moins révolu, désormais je vais profiter de cet espace pour partager mes textes de slam. Car oui, Edomaur, maintenant, il slame.

Thursday, November 20, 2014

Ça va chier

Elle le regarde. Un pli amer froisse le coin de sa ravissante bouche. Il ne remarque rien. Elle inspire, les lèvres entrouvertes sur des dents un rien carnassières. Le menton en avant, elle prend la parole, le coupant au milieu d'une idiotie, d'un élan d'auto-congratulation vénale et de mauvais goût.

Ça va chier

Ça commence sur un château de conte de fée, le soleil à l'aube, les roses qui bourgeonnent, et ça s'achève sur un paysage de dévastation, un temple abandonné, rien n'est simple.


Des nations voisines, sinon où serait l’intérêt ? C'est un morceau de terrain sec comme la lune et verdoyant comme un après-midi sur Mars. Mais c'est leur lopin de désert, et peut-être qu'il cacherait de l'or, allez savoir ! Alors la tension monte, les frontières frémissent, on passe les canons à la cire à chaussures, faut que ça brille.

Ça va chier

C'est la saison du cœur noir, quand tout n'est qu'injustice. Que tout le monde se dispute le jour, s'accuse de la nuit. C'est eux ! C'est de leur faute ! L'ordre de la colère obtuse, des discours vides, des convictions sans esprit, des doigts qui pointent...


La vieille dame vient de frapper le jeune homme d'un coup de canne particulièrement bien ajusté. Il recule d'un pas, sonné, surpris, blessé, vexé. Il ne voulait que rendre service, pour qui le prend-on ? Le respect se perd madame ! Quand il aura le même âge, il respectera les plus jeunes !

Ça va chier

Et à nonante berges, tous ces petits cons, il leur foutrait bien de grand coups de déambulateur, s'il le pouvait, s'ils ne lui montraient pas tant de mépris et de rage.


Ses yeux d'habitude amusés ne rient pas. Il tape machinalement son stylo sur le bois de la table, toc, toc, toc, lentement. Il est encore plus pâle qu'il ne l'est en temps normal. Un dernier soupçon de patience le laisse attendre son tour, la pression monte.

Ça va chier

Des mots très durs, cassants, cruels. Des phrases assassines, pour tuer dans l’œuf toute velléité de réponse. Des noms clairement énoncés, avec la question importante « Est-ce un accident ? Une erreur ? C'est bien nous qu'on accuse gratuitement ? »


La fierté... Un mal élégant, une malédiction brillante, on ferait tout pour ne pas perdre la face, n'est-ce pas ? Un édifice funeste duquel on ne cesse de se jeter, une grève de galets polis par l'arrogance... Il n'y a que nous, tout le reste n'est rien. Il n'y a que nous, là, maintenant, et jamais demain.

Ça va chier...


Grandement...

Wednesday, October 15, 2014

Un brasier imaginaire

ce soir, pas de texte à chapeau...



C'est une ville isolée,
Quelque part, dans une nuit profonde,
A gauche, à droite, de tous les cotés
Les ténèbres s'étendent,
L'image d'une cité isolée
Quelque part dans les mémoires.
Une vision idéale d'une ville où tout serait meilleur,
Dans ce soir, les feux orangés illuminent les toits
Rome brûle


Une ville abandonnée,
Vidée de ses habitants,
Où sont ils passés ?
Où sont passés les barbares ?
Laissant derrière eux, papiers gras et détritus,
Carcasses de camions et ruines
Ecrasée par le smog et la chaleur Babylone devrait s'embraser
Rome brûle

Ici c'est un char, laissé sans équipage
Ici c'est la lance d'un légionnaire,
La hampe noircie par le feu
Nulle main ne reste pour brandir le fer
On se bat pour des idées,
Ici on ne se bat plus,
C'est Atlantis qui devrait s'embraser,
Rome brûle

Vision allégorique de quartiers
Que deviennent les villes quant elles nous ont déçu ?
Que deviennent les idéaux quand ils ne servent plus ?
Que deviennent ceux qui nous ont déçu quand on leur tourne le dos ?


Rome brûle

Wednesday, September 24, 2014

Et maintenant, un peu de politique

( Ok, je vais faire court. L'idée là est de développer une connerie un peu absurde en moins de trois minutes. )
Or donc, l'état, fondement de la raison politique à travers les âges, base solide sur laquelle les turpitudes de l'humanité trouvent à se développer. Les racines du mal, pourrait-on dire, cache l'arbre qui cache la forêt.
Ce que j'imagine...

L'état, variété vivace ou à fruits

Les états, c'est un peu comme les légumes. Il y a les républiques-carottes, les royaumes-patates, les dictatures-orties, ivraie-théocratiques, etc. On a même quelques démocraties directes qui me semblent apparentées aux haricots, voire aux petits pois. Ou aux choux de Bruxelles.
Ce qui me fascine, c'est la diversité, la variété, et en même temps à quel point il est facile d'identifier simplement les boutures de chaque types d'états.
Une plantation d'état, pour les mauvais jours, c'est un peu une garantie contre la famine de démocratie ou aussi contre la pénurie de république. Bien entendu, quelques politiques parasites profitent du terreau dans lequel nos plants d'état verdoyant se développent, et nécessitent un travail attentif de sarclage et entretien du territoire.
Un état ça s’entretient oui. Ça se nourrit. Ça demande un terreau favorable, riche, de façon à obtenir de belles démocraties vivaces, aux floraisons chatoyantes.
Il y a aussi la question du bouturage. Enfin, disons, ce que j'en sais, le bouturage, ça demande d'avoir les mains vertes. La politique, c'est comme le jardinage, bien faite les plantations prospèrent.
On devrait d'ailleurs imposer le port de la binette, en bandoulière, aux politiciens. Voilà un fier symbole que la caste dirigeante devrait adopter en remplacement de ces cravates misérables et grises dont ils s'affublent de nos jours.

Les trois pommes

C'est un verger, toujours différent,
Chaque arbre est le même, et à la fois un autre
Et il y a un pommier, tous les pommiers
Tous les pommiers sont cet arbre
Et,
Dans cet arbre, il y a trois pommes
De belles pommes, rondes, joufflues
Des fruits verts, acides, on en fera des tartes
Et les moines l'île aux pommiers, en feront une solide eau de vie
Ainsi la veillée funèbre du pauvre roi Arthur sera tombée dans l'amnésie, hic !


Dans cet arbre il y a trois pommes
Des pommes lourdes, charnues, presque calypiges,
Succulentes et au goût douceâtre
Et le serpent, s'il s'en était gardé une
Peut-être qu'il aurait aussi eu les ennuis que l'on sait (façon concierge vaudoise)
Ces pommes, certainement que le serpent s'en garderait une.


Dans cet arbre, il y a trois pommes
Des petits fruits contrarié, frippés et jaunes,
Des pommes qui pensent trop, qui froncent,
Comme Newton, un après midi d'automne, sous un pommier
Contemplant les nuages, les arbres, les pommes qui tombent,
La logique derrière tout ça, la physique, les corps qui s'attirent.
Une pomme mûre tombe alors, c'est la Terre qui tombe sur la pomme.


Dans cet arbre, il y a trois pommes
Des fruits étranges aux reflets laqués
Des pommes de bois verni, peintes sur un clavecin, des...
Pomme pomme pomme pomme
Ou alors des pommes de cinéma, des...
Pomme pomme etc. (sur la marche impériale)

Pardon, j'ai pas pu résister... ;-)

Wednesday, August 27, 2014

Les cartons.

Deuxième session de slam, 27 août 2014. Le texte ci-après est la version non-révisée, et pour être franc ça ne tient pas en trois minutes :-)

Ça commence ici :

Ils envahissent le quotidien. Nul ne peut y échapper, leur présence est multiple et oppressante. Ils servent un peu à tout, de la protection des aliments les plus variés (pain, lait, fromages, légumes) au transport de livres, de chaussures, de pièces mécaniques pour réparer des avions, des camions, des bataillons de bicyclettes, et on peut même utiliser des cartons pour déménager des maisons complètes, de leur contenu aux murs, (quelques exemples de châteaux démontés et exportés existent pour confirmer ce point.)
Malgré tout, il reste encore quelques recoins où le carton n'a pas pignon sur rue, recoins sans lesquels l'ubiquité de ces parallélépipèdes rectangles en pulpe d'arbres morts déshydratée est loin d'être complète et absolue.
Ce que j'imagine...

Les cartons à soucis, une étude de cas.

... et s’il était possible de se défaire de ses soucis, en les mettant en boite ? En les bourrant dans de petits cartons hermétiques, pratiques et faciles à transporter ? Et si on pouvait mettre nos soucis en berlingots, qu'ensuite on recyclerait ou qu'on donnerait à ceux qui de soucis n'ont jamais assez ?
Le matin on se réveillerait comme ça, frais et dispo, et l'esprit cabriolant dans les prés de nos intellects revigorés par la nuit fantastiquement reposante qu'on aurait passée.
Fini alors les matins ronchons, où les songes de la nuit ne sont que prolongement des journées pleines d'emmerdeurs qui emmerdent le monde, de problèmes qui restent problématiques même en rêve, d'embrouilles qui brouillent un brouillard. Fini les songes gris et professionnels, vive le retour à la couleur et à la 3d, vive le retour à la normalité. Normalité des rêves...
Les petits cartons pour les petits soucis, ceux qu'on peut facilement partager ou garder pour plus tard. Et qui au fond ne demandent que d'avoir un estomac de fer.

Les grands cartons. Grands mais pas trop grands. Mettons, pour l'exemple, que ce soit des cartons d'un litre, très pratiques. Avec un étiquetage adéquat pour éviter qu'on les confonde avec des cartons de lait ou de jus d'orange. Ils sont bien pratiques. Juste de la bonne taille pour contenir des soucis conséquents mais pas trop gros non plus. En fait, certains experts préconisent de segmenter ses soucis de façon à occuper plusieurs cartons d'un litre. Le fameux « getting things done » du management moderne. Toujours réduire la taille des soucis quitte à en augmenter le nombre. Ceci dit, je ne suis pas catégorique mais il me semble que plus on a des soucis, plus ils font des petits. Ils se reproduisent comme des lapins. Comme des lemmings. Les petits soucis, ça prolifère, il faut y faire attention.
Parfois, on ne peut pas segmenter, le gros souci, le vrai représentant de la famille des catastrophes, n'entrera jamais dans des cartons d'un litre, et de plus les couteaux à dépecer les emmerdements ne sont simplement pas assez solides pour trancher dans le vif, et par exemple faire entrer dans une énorme quantité de cartons d'un litre des petits morceaux de tsunami ou de carambolage autoroutier. Dans ces cas là, il faut passer à la vitesse supérieure.

Les grands cartons, ceux-ci vraiment grands. Ceux qu'on emploie pour y déposer les soucis format mondial, les catastrophes, et les tsunamis de merde. Et quand on parle de grand cartons on ne plaisante pas mais il faut quand même relativiser un peu. Il faut se les imaginer comme ceci : à peu près de la taille d'une télévision, imprimé de couleurs vives aux slogans enthousiastes (slogans sur lesquels je reviendrai) et pelliculé d'un fin plastique à la texture soyeuse. Et dans un coin, tout en haut à droite, il y a une petite excroissance, un peu comme une oreille, avec un motif pointillé qui en fait le tour, et le symbole de la paire de ciseaux, identifiant ainsi le bec verseur duquel on pourra faire s'écouler l'effroyable nectar des soucis en quantité infinie. Bon, un souci annexe à l'existence des cartons de cette taille est qu'il est réellement très difficile de contrôler l'écoulement du contenu par le bec verseur, et que très souvent on finit par en mettre partout.

Une fois que les soucis sont sécurisés dans leurs conteneurs hermétiques, il est possible de les entreposer. Par exemple dans un congélateur, ou un carton à soucis de plus grande taille. Ce qui peut amener, en cas d'incendie ou d'avion s'écrasant sur l’entrepôt ou la chambre froide, à la création très malvenue de soucis d'ordre supérieurs. Hélas, la technologie du carton à soucis apporte son lot de problèmes, l'un d'entre eux étant la possibilité non anticipée d'avoir des fuites dans les réservoirs à soucis, provoquant la recombinaison de ceux ci en soucis plus complexes. La technologie a ainsi amené les problèmes de l'industrialisation en créant des méta-soucis, des super-soucis et des maxi-soucis. Une solution actuellement évaluée serait de trouver un moyen de recycler les stocks en matières premières, par exemple en combustibles pour les centrales énergétiques, ou en sources de polymères pour l'industrie textile. Qui ne rêve pas de se faire des chaussettes avec les problèmes de la journée ? Bientôt ce sera une réalité commerciale, certainement.

C'est d'ailleurs ce que disent les slogans et les exhortations colorées figurant sur les cartons de toute tailles,
« apportez vos soucis à la centrale ( une centrale un peu comme une de ces laiteries à l'ancienne si vous voyez ce que je veux dire) et vous recevrez en échange des chaussettes de ski neuves »,
« récoltez les soucis de votre famille et partez en voyage en Ukraine »,
« ne jetez pas vos soucis à l'égout, un litre d'angoisses fournissent l'énergie d'une télévision pour une semaine »,
« planifiez vos déclarations d'impôts pour un rendement maximal en matière de soucis »,
« un monde sans soucis est un monde sans sel »,
« si vous être trop heureux, pensez à la famine en Erythrée ! »,
« deux heures d'angoisses existentielle fournissent plus d'énergie qu'une sieste au soleil ! »
...
Hum.

Finalement, peut-être pas...

Wednesday, July 09, 2014

Lieux publics et personnages

Ma première session de slam, le 9 juillet 2014, avec le texte qui suit. C'est  une collection de portraits sur lesquels je travaillais pour le jeu de rôle Itras By, qu'on va bientôt sortir en français avec les complices de 2d Sans Faces...

Ça commence ici :

C'est des gens qu'on croise dans la rue, des individus, des épreuves uniques.
On les voit, ils sont normaux, comme tout le monde, puis soudain de nulle part, c'est un trait qui surgi, une faille ou un éclat qui apparaît.
Ils sont alors originaux, ils n'ont pas de numéro de série, même si parfois on peut le croire.
Ces traits, d'une habitude on peut en faire une histoire, se poser la question de ce qui pourrait se passer peut-être, un peu plus tard. Un conte, des mots, quelques anecdotes de cafés révisées sous la forme d'une pincée de fictions.
Ce que j'imagine...

La peau noire

Un soir, ce sera accoudés à un bar qu'on la rencontrera, une grande femme à la peau noire, au large front dominant de grands yeux moqueurs, un nez aquilin et des lèvres peintes d'un rouge très vif.
Elle racontera des histoires sans queue ni tête et sera complètement incompréhensible -- dans le meilleur des cas. Puis elle rira, franchement, d'un rire de gorge profond. Elle semblera s'être entichée d'un de vos amis, traitant le reste de l'assemblée comme si elle était une grande actrice et eux des complices de longue date. On ne pourra pas vraiment savoir qui elle est (car ce sera incompréhensible) mais il sera possible, à travers son discours, de se faire à l'idée qu'elle serait une descendante de la reine de Saba

L'écarteleur

Ce sera un homme de grande taille, élégant, au regard perçant et à la fine barbe grise taillée avec goût. Assis dans une brasserie bruxelloise, il se comportera avec nervosité. À sa gauche, une pile de livres encore neufs à portée de main, et un lourd volume de cuir noir qu'il ne laissera personne consulter, à sa droite, un café, oublié et froid. Il sera arrivé tôt le matin du même jour, un dimanche, après avoir passé tous les soirs de la semaine à lire et corréler les chapitres de livres en livres. Lorsqu'il trouvera un lien, selon des critères qu'on sera en peine de deviner, il s'exclamera « Aha ! » et consciencieusement découpera ou arrachera quelques pages du texte incriminé pour les ajouter quelque part dans le grand volume de cuir noir. « Je reçois trop de livres » dira-t-il dans un français teinté d'allemand, « j'ai décidé de me concentrer sur des thèmes particuliers et ne conserver que les meilleurs passages... » Sa main caressera le lourd volume de cuir « Ici, je réunis les meilleurs morceaux où il y a au moins un chien qui apparaît. C'est le livre des chiens. » Une étincelle brillera dans son regard, puis, embarrassé, il retournera à ses... lectures. La conversation s’arrêtera là.

Madame de X

Un salon de thé, un café, de confortables divans et de profonds et accueillants fauteuils. On verra des tables inoccupées, et peut-être qu'une sera placée à coté d'une fenêtre. Un emplacement permettant de garder un œil sur la rue. Au moment de s'en approcher, avec l'intention visible de s'y installer, on sera surpris d'assister à la scène suivante : Une vieille dame, tirée à quatre épingle, visage pincé et chevelure bleutée, surgira de nulle part, et s'empressera de s'installer à l'endroit convoité, avant d'accueillir d'autres vulnérables doyennes aux mises similaires. Sous nos yeux, elles sortiront un plateau de Scrabble et commenceront une nouvelle partie. On peut imaginer que la scène se reproduira, de tea room en cafétéria, différentes aînées nous évinceront des fauteuils placés près des vitres.