Vous savez, l’œil, cet organe incroyable à travers lequel nous pouvons contempler la nature, les affiches des prochaines élections communales, la couleur des tomates. L’œil donc a cependant un défaut, il a des coins dans lesquels se cachent des erreurs de perception (ou du sable). Quelques exemples. Tous complètement authentiques. Je le jure.
Du coin de l’œil, je vois…
Il y a un gros chien, qui s’est arrêté près de moi, au feu du passage piéton. Je ne l’ai pas regardé, ce n’est qu’un clébard que je perçois dans la pénombre, les yeux plein des pixels de ma boite mail, les smartphones c’est trop la classe.
Le feu passe au vert, je tourne la tête pour observer la mise en mouvement du canidé et de son propriétaire… Mais en fait de chien point il n’y a, juste le jeu des ombres à travers le feuillage, animé par l’éclairage froid des réverbères et par le vent qui souffle… Je me sens un peu con pour le coup.
Autre exemple, du coin de l’œil, je vois…
Nous sommes dans la rue, je lui parle en louvoyant entre les piétons qui circulent en sens inverse, j’essaie d’expliquer quelque chose, je ne sais plus quoi mais je crois me souvenir que c’est important. A un moment je me retourne pour demander confirmation. Je suis seul. Je parle seul dans la rue depuis quelques minutes.
Mais heureusement, grâce aux smartphones, tout le monde parle seul dans sa bulle, personne ne remarque ma gêne, c’est désormais normal d’avoir des conversations avec des gens qu’on ne voit pas.
L’œil, toujours l’œil, c’est lui le témoin…
Un fer à repasser, presque neuf. Je tends la main pour saisir la poignée de plastique blanc de l’appareil, tandis que je me concentre sur le lissage des plis de la chemise. Mais. Là où il y avait parfois un chien imaginaire, se trouve un objet bien concret, et pas du tout à l’emplacement imaginé…
Bousculé, le fer à repasser explose sur le sol.
Paf.